dimanche 25 janvier 2009

La culture litteraire


Chez O.M.P.E. on aime aussi la littérature !

O।M.P.E. inaugure la série de ses coups de cœur littéraires par un de ses écrivains favoris : Alain Mabanckou.

Alain Mabanckou est incontestablement à ce jour un des grands talents de la jeune génération des écrivains francophones.
Il doit toujours être très spécial pour un écrivain de se voir sans cesse décerné le prix de « jeune écrivain », ou encore celui de représentant de la « jeune génération », et ce quelque soit son âge, le nombre de ses productions littéraires et même de ses distinctions !
Il doit s’agir là d’un des invariants de la critique littéraire qui valent partout cet honneur à Alain Mabanckou. Qu’il veuille cependant bien nous le pardonner ici. Il est surtout à nos yeux un écrivain à la grande maturité et dont la maîtrise littéraire lui vaut d’être consacré dans ce blog littéraire.

Bleu-Blanc-Rouge, African psycho, Verre Cassé, Mémoires de porc-épic (Prix Renaudot) présentent, chacun à sa manière, l’histoire d’un roman que tout le monde a lu et dont tout le monde a entendu parlé. Mais disons-le tout net, ils sont surtout des romans que tous auraient voulu écrire ! - C’est là que réside la force et le talent d’un écrivain qu’il soit francophone ou non importe d’ailleurs si peu - commettre une œuvre qui circule, que tous s’approprient, que tous ont eu entre les mains, dont chacun a entendu parler.

Le blog littéraire d’O.M.P.E aime l’œuvre jeune, vive et incisive d’Alain Mabanckou et connaît « quelqu’un qui connaît quelqu’un » qui en a entendu parler et qui l’apprécie.
C’est tout le talent d’Alain Mabanckou. Donner à lire une œuvre à la circularité troublante.

Le blog littéraire d’O.M.P.E. vous offre une tournée au Crédit a voyagé. Le bar bien nommé de son livre Verre Cassé, paru aux Editions du Seuil en 2006.
Courez vite acheter et lire Verre Cassé. Il existe en format poche. Vous ne serez pas déçus ! En ces temps de rigueur économique, vous pourrez encore vous accouder au zinc pour le savourer !

Verre Cassé lu par O.M.P.E.
Alain Mabanckou ou le bonheur d’écrire en « Francophonie »

Verre Cassé d’Alain Mabanckou est une œuvre comme il est de plus en plus rare d’en rencontrer en « francophonie ». Humour et burlesque se côtoient dans une écriture sans ponctuation, sans majuscule. Le récit y est tantôt touffu, tantôt scandaleux, surtout truculent. A cet égard, il s’inscrit dans la veine de ce qu’a pu être L’Ivrogne dans la Brousse d’Amos Tutuola, et préfacé par Raymond Queneau, dans la littérature anglophone.

Dans Verre Cassé, la langue française est revisitée, le français d’Afrique s’installe dans ce récit d’ici et d’ailleurs. L’auteur y témoigne encore d’une solide connaissance des Classiques Africains qui servent à asseoir le jeu sur les mots tout comme la langue française y est suffisamment maîtrisée pour emprunter aux locutions et expressions africaines.
La lecture de Verre Cassé fait assister à un grand moment de littérature dans lequel Mabanckou dit le bonheur d’être un poète dont la langue est échevelée, hirsute. Il dit aussi le bonheur d’être un écrivain de son temps et dont il sait se faire le témoin en faisant coexister tous les reliefs, toutes les langues, tous les continents. Véritable Tour de Babel, cette œuvre de Mabanckou prend source et assise entre deux rives, deux continents que sont l’Afrique et l’Europe. Ni l’une ni l’autre ne sont d’ailleurs épargnées par les allusions et les critiques assénées sur le mode ironique. Tout en surimpression. La dictature à l’africaine y est fustigée dès les premières pages, tout comme l’attachement et les chimères qui accompagnent une France encore et toujours incapable d’oublier ses anciennes colonies, demeurent vivaces sous la plume de Mabanckou.
Verre Cassé est encore le témoin d’une galerie de portraits dont les personnages décrits sont insensés, usés par la vie et les aventures pittoresques et scandaleuses qui ont été les leurs. Tel cet homme aux couches Pampers, ou encore cet imprimeur. L’auteur brosse le portraits de ces personnages de rencontre du personnage éponyme, Verre Cassé. Il les croque de manière vive et incisive sur le mode burlesque qui est souvent le sien dans ce roman. Ces personnages pourtant restent attachants tout comme le sont ceux décrits par VS Naipaul dans Miguel Street.
L’univers de ce bar congolais, le Crédit a voyagé, il est vrai se prête volontiers à ces rencontre de fortune. Lieu clos en même tant qu’ouvert sur le monde et à sa circularité, les personnages décrits forment une fresque invraisemblable, un patchwork étonnant, révélateurs des réalités du pays de Verre Cassé. Satire sociale, traversée d’un pays, cette œuvre reste incandescente pour le lecteur, parfois pris d’un rire peu confraternel envers le personnage aux prises avec une dure réalité. Parfois c’est l’étonnement qui prend le dessus face à l’audace scripturale de l’écrivain-voyageur qu’est Alain Mabanckou. D’autre fois enfin, c’est le pleurer-rire si cher à son compatriote Henri Lopes qui l’emporte notamment face à l’aventure de l’Imprimeur. Elle permet à Mabanckou de jeter un regard à la fois lucide sur nos sociétés africaine et européenne.

En appuyant là où la plaie est à vif, il est particulièrement acide sur notre société française singulièrement tourneboulée par les questions de mémoires, d’esclavage, de racisme sur fond de morosité sociale. Sans oublier le personnage de l’Imprimeur Noir « et pas raciste, je tiens à le préciser » qui jette un regard circonspect sur ses semblables, les Noirs en France.

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